Vestige d’une Origine Oubliée
La Shungite est une pierre singulière, dont le nom provient du petit village de Shunga, situé en République de Carélie, une région du nord-ouest de la Russie, à l’est de la Finlande, près du lac Onega. C’est là qu’elle fut découverte pour la première fois.
À l’origine, le terme Shungite ne désignait pas la pierre en elle-même, mais un minéraloïde contenant une forte teneur en carbone. Les gisements les plus riches, contenant entre 98 et 100 % de carbone amorphe, furent ainsi qualifiés de Shungite.
La pierre se présente sous différentes formes, classées selon leur éclat, qui reflète directement la proportion de carbone qu’elles contiennent : brillante (ou élite), semi-brillante, semi-terne et terne. Plus la pierre est brillante, plus elle est concentrée en carbone. On distingue notamment deux types principaux : la Shungite argentée, extrêmement rare et précieuse, représentant moins de 1% des gisements, et contenant près de 98 % de fullerènes (nano structure moléculaire carbonnée en forme de sphére), la Shungite Noire, plus commune, plus facile à travailler, et généralement composée de 50 à 70 % de fullerènes . En dessous de ce seuil, on ne parle plus de pierre Shungite, mais de roche Shungite.
Les origines de la Shungite se perdent dans le temps. Une première hypothèse soutient qu’elle serait âgée de plus de deux milliards d’années, née de la minéralisation de planctons. Une seconde suppose qu’elle serait d’origine volcanique, tandis une légende ancienne évoque une origine plutôt cosmique. Cette dernière raconte qu’une étoile se serait écrasée sur la Terre, donnant naissance à une source miraculeuse dont les eaux auraient hérité de vertus extraordinaires.
Ces propriétés curatives étaient déjà connues il y a plusieurs siècles. Une histoire issue du folklore populaire évoque Xenia Godounov, fille du Tsar Boris Fiodorovitch Godounov (1551-1605), qui, après avoir bu l’eau d’une source jaillissant de pierres noires, aurait retrouvé sa fertilité et donné naissance à une grande lignée.
Les eaux de source de Carélie, imprégnées de Shungite, étaient utilisées depuis plus de 300 ans pour leurs vertus médicinales. Mais c’est au XVIIIe siècle que la renommée de cette pierre prend une nouvelle ampleur, grâce à l’intervention de Pierre le Grand (1672-1725). Le tsar, souffrant de divers maux, se rendit sur place avec son médecin. Il prit des bain, bu l’eau de la source, et recouvra vitalité et santé. Convaincu de ses effets, il fit administrer cette eau, qu’il baptisa Eaux de Mars en hommage au dieu romain de la guerre, à ses soldats pour combattre la dysenterie. Plus tard, il fit construire un établissement thermal près des sources, où, selon les témoignages de l’époque, de nombreux patients furent traités pour l’épilepsie ou l’urémie.
Ainsi naquirent les premières cures thermales russes.